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samedi 2 février 2019

VE 9-2 Distorsion € TICPE


Le VE : Innovation pérenne ou rêve écologiste ?
« Dans un monde inondé d’informations sans pertinence, le pouvoir appartient à la clarté. »  Yuval Noah Harari



VE 9.2. - Distorsion due à la TICPE et à la Taxe Carbone (TC)
  • L’automobile comporte de nombreuses « Externalités », c’est-à-dire effets indésirables non directement pris en compte :
    • Infrastructures (sauf autoroutes concédées, 1% du réseau en kilomètres, et 15% du trafic, source URF)
    • Epuisement des ressources naturelles,
    • Pollutions,
    • Emissions de CO2,
    • Accidents, leurs conséquences, et leur prévention,
    • Bruit,
    • Encombrements…
  •  Ces externalités justifient l’existence de taxes spécifiques :

TICPE (Taxe Intérieure sur la Consommation de Produits Energétiques)(Source : https://www.ecologique-solidaire.gouv.fr/fiscalite-des-energies)
  • Elle remplace l’ancienne TIPP (Taxe Intérieure sur les Produits Pétroliers),
  • Qui avait elle-même remplacé la TIP (Taxe Intérieure Pétrolière) crée en 1928, donc bientôt séculaire.
  • Une TC (Taxe Carbone) s’y est ajoutée, équivalente à une augmentation de la TICPE, à ceci près qu’elle s’applique à d’autres produits et notamment au fioul domestique, et au GNR (Gazole Non Routier utilisé en agriculture et travaux publics). Introduite en 2000, la hausse programmée devait amener la TC à 55 €/t de CO2 en 2019. Les manifestations des « Gilets jaunes » ont amené le retrait de cette hausse et au maintien de la TC du niveau de 2018, à savoir 44,60 €/t
  • La TICPE, y compris sa composante de TC, est considérée comme une « Valeur Ajoutée », et donc incluse dans l’assiette de la TVA au taux de 20%





Structure prix et taxes fioul, gazole, et essence
  

 Le fioul est un produit identique, techniquement interchangeable avec le gazole :
    • Avant taxations spécifiques, mais avec sa TVA incluse, le fioul est plus cher (0,68 €/l) que le gazole (0, 65 €/l), car il est livré à domicile, et moins concurrencé.
    • Sa TICPE+TVA est de 0,22 €/Kg.
    • On le prend comme référence
  •  Les carburants supportent une TICPE+TVA de 
    • 0,83 €/Kg pour le gazole
    • 1,11 €/Kg pour l’essence
    • Et on note au passage que l’égalité des taxations entre le gazole et l’essence est bien loin d’être réalisée  quand parle de taxation au Kg, la seule qui ait un sens puisque l’énergie (PCI/Kg) de ces deux liquides est pratiquement identique.

  • Le supplément spécifique d’utilisation routière (qui est l’écart par rapport au fioul) est de :
    • 0,61 €/Kg pour le gazole
    • 0,89 €/Kg pour l’essence,
    • Soit une moyenne de 0,75 €/kg pour ces 2 carburants
    • sur 160 000 km x 4,6 kg/100 km = 7 360 Kg de carburant
    • dont la taxe spécifique s’élève à 7 360 x 0,75 = 5 520 €
  • En comparaison, la recharge VE s’effectue sur le tarif EDF abonné sans supplément routier.
  • L’avantage concurrentiel ainsi consenti au VE est de : 5 520 €.


samedi 14 janvier 2017

Hydroliennes mort-nées?



Résumé

La filière hydrolienne rencontre des déboires successifs qui renforcent notre pessimisme à son égard :
  • Alstom (GE) abandonne le développement de sa turbine Océade, et « plante » ainsi son client Engie dans son projet pour le Raz Blanchard.
  • Les deux hydroliennes DCNS et exploitées par EDF au large de Bréhat ont dû être remontées pour une longue maintenance suite à des problèmes de corrosion.
  • Il ne reste plus qu’une hydrolienne en fonctionnement, de 1 MW, immergées par Sabella dans le Fromveur en mer d’Iroise. Mais cette société annonce une production de 70 MWh depuis un an ! Ce chiffre insignifiant est soit faux, soit extrêmement mauvais, car il montrerait un facteur de charge inférieur à 1% (70 MWh / 8 670 MWh), alors que l’analyse des marées variables permet d’espérer plus de 30%.
  • Les éléments économiques rapportés par Les Echos ne laissent pas espérer d’amélioration de compétitivité. Selon nous, pour la faire progresser, l’abondement reste préférable à la subvention directe.
Message

Dans son édition du 9 janvier 2017, le quotidien « Les Echos » nous informe par un article de Anne Veitz et Véronique Le Billon, des difficultés rencontrées par la filière hydrolienne de production électrique. Trois éléments nous paraissent particulièrement significatifs, dont un est pourtant présenté comme positif :

1 - Alstom, du Groupe General Electric, arrête le développement de la turbine Océade, d’une puissance nominale de 1,4 MW, dont 4 exemplaires devaient être implantés au Raz Blanchard (devant la pointe de La Hague au nord-ouest du Cotentin), un des plus forts courants du littoral français. Son client Engie, exploitant prévu, se retrouve ainsi sans fournisseur. Alstom a « jugé cette technologie trop amont en termes de maturité »,

2 – Les deux hydroliennes munies de turbines DCNS, immergées en 2016 au large de Bréhat par EDF, ont dues être rapatriées à terre pour maintenance suite à des problèmes de corrosion, probablement électrolytiques en raison de nuances d’inox inappropriées sur des boulons. Nous avions cité la corrosion comme un problème difficile dans notre message à ce sujet publié en novembre 2011.  Ceci aura aussi pour effet de retarder la mise en service des sept hydroliennes prévues par le consortium EDF-DCNS pour le raz Blanchard.



3 - La seule hydrolienne restant en activité est celle de Sabella, d’ne puissance nominale de 1 MW, immergées dans le passage du Fromveur, redouté des marins, entre Ouessant et Molène en mer d’Iroise. Le PDG de cette société semble satisfait d’annoncer que « Nous avons produit 70 MWh sur la période » de juin 2015 à juin 2016. Or une année équivaut à 8 670 heures. Selon ces chiffres, la puissance moyenne de l’hydrolienne est de 70 000 KWh / 8 670 h = 8 KW, soit un facteur de charge de 0,8% !

Rappelons que la puissance d’une hydrolienne est proportionnelle au carré de la vitesse du courant, laquelle est proportionnelle à la racine carrée de la dénivellation ; elle est donc proportionnelle à la dénivellation, tout comme une usine marémotrice, mais avec un déphasage retard de ¼ de période ou plus selon la topographie des lieux : ses maximums sont au-delà des mi-marées et non aux étales. Le caractère intermittent du courant et les variations mensuelles et semestrielles des marées laissent prévoir un facteur de charge théorique de 42% pour une hydrolienne dimensionnée pour les marées d’équinoxe, selon graphe ci-dessous qui donne en ordonnées les hauteurs d’eau conventionnelles par rapport au niveau moyen sur un trimestre, et ce, d’un équinoxe au solstice suivant sur les abscisses graduées en heures.



Ceci voudrait dire que la production a été 0,8% / 42% = 1,9% de la production maximum théorique. Ces chiffres sont donc soit très mauvais, soit faux : dans les deux cas, ils ne démontrent rien quant à la viabilité de la filière !

Dans le message déjà cité, nous constations le prix extravagant des investissements nécessaires, de la maintenance et donc de l’énergie produite. L’article de Echos rapporte que « dans la baie de Fundy, au Canada, la première hydrolienne connectée au réseau électrique livre à un prix de […] 380 €/MWh. ». On ne sait pas sur quelle base d’amortissements ce prix a été calculé, mais on sait que le prix de marché de gros de l’énergie électrique se situe normalement entre 30 et 60 €/MWh. Bien que prédictible, l’électricité éolienne reste une énergie fatale dont la survenance est aléatoire. Il nous semble peu probable qu’elle puisse se justifier économiquement à un horizon prévisible.

Le coût très élevé de l’investissement avec une durée de vie nécessairement limitée pose aussi le problème de la trace carbone de la fabrication et de l’installation de l’hydrolienne, et de son amortissement « carbone » sur sa durée de vie. Faute de chiffres, on ne peut que conjecturer qu’elle est bien pire qu’une centrale nucléaire, et qu’il n’est pas certain qu’elle soit meilleure qu’une centrale à gaz à cycle combiné.


A tout le moins, pour avoir une vision nette du sujet, l’Etat ne devrait subventionner directement ni les études, ni le développement, ni la production, mais plutôt abonder la facturation au prix de marché, de cette dernière par un coefficient à déterminer, comme nous l’avons déjà préconisé dans notre dernier message relatif à l’ensemble des énergies vertes. Un appel d’offres serait attribué au soumissionnaire proposant le coefficient d’abondement le plus bas. Ceci permet de prendre en compte la réalité des prix, et de transférer le risque du contribuable au soumissionnaire.

vendredi 6 novembre 2015

Remplacement du charbon par le gaz

Table des matières du blog www.8-e.fr

Sous la plume d’Anne Feitz, le quotidien « Les Echos » nous annonce une bonne nouvelle, que cependant il sous-estime : le remplacement en cours du charbon par le gaz.

Notons d’abord qu’il n’y a rien d’étonnant à ce que nos trois grands énergéticiens, EDF, GDF-Suez devenu ENGIE, et TOTAL cherchent à remplacer le pétrole par le gaz : aucun des trois n’est actif dans la production de charbon, tous ont le charbon comme concurrent « low cost », EDF exploite des centrales électrothermiques au charbon mais ne voit aucun inconvénient à lui substituer du gaz, ENGIE a le gaz pour métier principal, et donc tout intérêt à demander le relèvement du prix du carbone émis, afin de réduire la compétitivité du charbon.

Pour ne pas être désintéressée, leur position est néanmoins réellement écologique, même si ce n’est peut-être pas leur motivation première. La convergence entre l’économie et l’écologie est très importante, car elle permet de faire plus, plus vite et pour moins cher : c’est la première bonne nouvelle, même si elle n’est pas vraiment nouvelle.

Quand la journaliste écrit que « une tonne de charbon consommée émet 3,5 tonnes de CO2, contre 2,3 pour le gaz et 2,7 pour le pétrole », son appréciation, quoique exacte et favorable, laisse croire que le gain en émissions de CO2 n’est que de :
  • 1 – 2,7 / 3,5 = 23% pour le pétrole.
  • 1 – 2,3 / 3,5 = 34% pour le gaz
Ses comparaisons sont effectuées à masse primaire constante, alors qu’elles devraient être effectuées à énergie calorifique constante, à savoir, typiquement :
  • Charbon :            25 MJ/Kg
  • Pétrole :              42 MJ/Kg
  • Gaz naturel :      50 MJ/Kg
Nous  introduisons dans le tableau comparatif ci-dessous :
  • Colonne 2 : les émissions de CO2 par masse de combustible (Source « Enerdata » citée par Les Echos)
  • Colonne 3 : l’énergie calorifique (enthalpie) des différents combustibles
  • D’où en colonne 4 l’énergie calorifique obtenue par Kg de CO2 émis, et en colonne 5 leur comparaison, charbon base 100%. Le gaz émet presque 3 fois moins que le charbon pour les applications thermiques !
  • En colonne 6, le rendement (selon Carnot Clausius) de la conversion de l’énergie thermique en énergie électrique, la ligne gaz étant relative à une centrale à gaz à cycle combiné, ce qui est le cas de toutes les centrales récentes, mais pas de toutes les centrales existantes en France.
  • D’où, en colonne 7, l’énergie électrique obtenue par Kg de CO2 émis.
  • Et en colonne 8, la comparaison, toujours charbon base 100%. Le gaz émet presque 4 fois moins que le charbon pour les applications électrothermiques !





Energie thermique
Energie électrothermique
Combustible
CO2 Kg/Kg
EnergieMJ/Kg
MJ/ Kg de CO2
Comparais. émiss. CO2
Rendemt. conversion
MJ/Kg de CO2
Comparais. émiss. CO2
Charbon
3,5
25
7,1
100%
45%
3,2
100%
Pétrole
2,7
44
16,3
44%
45%
7,3
44%
Gaz naturel
2,3
50
21,7
34%
58%
12,6
26%

En termes d’émissions de CO2, le passage au gaz est une amélioration énorme  par rapport au charbon, et très significative par rapport au pétrole, dans toutes les applications thermiques, et plus encore dans les centrales électrothermiques au gaz.

     Centrale à gaz à cycle combiné –Photo Engie
 

Ces dernières ont des avantages propres :
  • Beaucoup moins chères que des centrales nucléaires, beaucoup plus vite construites, beaucoup moins contestées, ayant une trace carbone d’investissement limitée, elles ont aussi très peu d’inertie, avec une capacité à passer de 0 à 100% en quelques minutes, et une disponibilité totale, 24 heures par jour, 365 jours par an. Ce sont les centrales de pointes idéales, et sont tout à la fois capable de produire en continu.
  • Plus souples, capables de travailler à puissance réduite, elles les complètent très bien les centrales nucléaires qui doivent éviter les puissances réduites (usure hétérogène des barres de combustible) et dont les variations de puissance sont lentes.
  • En outre, elles complètent bien les énergies « fatales » qui produisent de façon aléatoire (éolienne, marémotrice, hydraulique au fil de l’eau), voire contra-cyclique (photovoltaïque). Elles sont préférables aux solutions de stockage envisagées à tort pour stocker les énergies vertes, solutions toutes très coûteuses et souvent de médiocre rendement (avec l’exception notables des STEPS, stations hydrauliques de haute chute, malheureusement limitées par la géographie).
Comme toutes solutions industrielles, elles ont aussi leurs contraintes et leurs limites :
  • Raccordement indispensable à un réseau gaz de gros débit, mais il est plus simple de transporter de l’énergie sous forme du gaz (par gazoduc) que sous forme électrique (par lignes THT).
  • Proximité d’un fleuve ou de la mer pour le refroidissement des condenseurs, comme toute autre centrale électrothermique ou électronucléaire.
  • Les hauts-fourneaux ne peuvent se passer de coke sidérurgique, obtenu par distillation du charbon, pour produire la fonte, base de l’acier, selon un procédé très émetteur de CO2, mais pour l’instant irremplaçable.
Pour réduire vite et fortement les émissions de CO2, elles constituent la solution la plus efficace, la plus rapide à mettre en œuvre, et la moins chère.

Pour faciliter cette transition énergétique, nul besoin de lourdes subventions ciblées qui faussent la libre concurrence, jettent un doute sur la validité économique des solutions subventionnées, et sont à la charge du contribuable. Non, ici il suffit de réduire les droits d’émissions de CO2 négociables pour faire remonter leur cours d’échange à au moins 30 à 35 €/tonne pour commencer, à augmenter très progressivement, au profit du budget de l’Etat, lequel devrait réduire d’autant la TVA, impôt neutre par excellence, s’il n’était pas aussi impécunieux.

La sagesse populaire l’exprime dans le proverbe :

Le MIEUX (zéro émission des énergies vertes à prix élevé dans un avenir lointain) est parfois l’ennemi du BIEN (gaz = 3 à 4 fois moins d’émissions facilement et à court terme).

samedi 11 février 2012

Rapport de la Cour des Comptes sur l'énergie nucléaire

Sitôt le rapport de la Cour des Comptes publié le 1er février 2012, chacune des parties prenantes y trouve matière à renforcer ses thèses.
·        Les uns disent que le coût de l’énergie nucléaire étant plus élevé que prévu, il est urgent d’abandonner cette filière au plus vite.
·        D’autres y voient une confirmation de la compétitivité de cette énergie, et donc la nécessité de développer cette filière sans attendre.

Les sages de la rue Cambon auraient-ils été à ce point ambigus ? Surprenant ! Ceci nous a interpellés, et nous avons procédé à notre propre lecture du rapport de synthèse, que nous vous livrons ci-dessous.





La synthèse du rapport de synthèse
Principaux chiffres (Montants en euros actualisés 2010 )
Abréviations : K= milliers, M= Millions, G=milliards, T=Trillions)
Numérotation des paragraphes : Partie.Page - Titre
Avec nos commentaires en vert.

1      Dépenses de production étalées sur une longue période

Les coûts supportés par AREVA ne sont pas pris en compte, car cette société facture ses produits et prestations à ses clients, les producteurs d’électricité dont EDF, et jamais au client final.
C’est un truisme !

1.7 - Un investissement initial lourd 
Le montant total des investissements réalisés par EDF sur ses 58 réacteurs à eau pressurisée, s’élève à 121 G€. Leur puissance installée totale est de 62,5 Gw.
Investissement : 1,94 M€ par Mw installé

1.8 - Un coût de construction au Mw qui progresse dans le temps
1978 Fessenheim                          1,07 M€/Mw
2000 Chooz 1 et 2                        2,06 M€/Mw
2002 Civaux                                 1,37 M€/Mw
2013 Flamanville                          3,70 M€/Mw
20xx Suite de série EPR               3,10 M€/Mw
Cette hausse des coûts peut s’expliquer en partie par le niveau considérablement croissant de la sûreté requise.
Selon une loi économique quasi universelle, le coût d’un produit (ici le MW€ installé) décroît de 10 à 20%  pour chaque doublement de la quantité cumulée produite. Il faut donc s’interroger :
  • Jusqu’où faut-il augmenter cette sécurité par rapport à un parc de 58 réacteurs qui n’a jamais provoqué d’incident majeur ? L’augmenter indéfiniment équivaudrait à y renoncer sans motif rationnel au profit d’autres solutions qui ont toutes leurs risques, notamment climatique.
  • Comment expliquer le manque de compétitivité des acteurs français qui perdent de nombreux marchés à l’export face à de nouveaux concurrents, en dépit de leurs excellentes références ?
  • Ces acteurs français, publics ou parapublics peu habitués à la concurrence, ont-ils fait autant d’efforts sur les coûts que sur la sûreté, lesquels ne sont nullement incompatibles (automobile, aéronautique…)

Nous n’avons pas d’éléments décisifs de réponse, mais soupçonnons que l’optimum coût – sûreté est loin d’être atteint…

1.8 - Des charges d’exploitation bien cernées
En M€ : total : 8 950 M€ répartis comme suit en haut, qui aboutissent à 22€/Mwh
Leur évolution 2008 à 2010 est en bas.


               



Les augmentations constatées résultent de la maintenance et des impôts et taxes. Celles prévues sont relatives au personnel de la force d’action rapide à créer.
A juste raison, les amortissements, traités séparément, sont exclus. Les frais de personnel dans une industrie « high-tech » qui sous-traite beaucoup semble élevée. Le coût des fonctions centrales, à 10% et en très forte croissance est bien loin des ratios de l’industrie… Ce sont des indices de médiocre compétitivité…

1.9 - Des charges futures incertaines par nature

1.9 - Démantèlement
Elles sont actuellement estimées à 18,4 G€ pour les 58 réacteurs.
C’est 15% de l’investissement initial.

Il faut regarder ce chiffre avec précautions, car le manque d’expérience conduit généralement à sous-estimer les coûts. Les chiffres de l’étranger sont très dispersés, mais sont généralement supérieurs. La Cour fait 2 recommandations :
  • sur l’évaluation par la méthode « Dampierre 2009 »
  • sur un audit de cette méthode par des experts extérieurs


1.10 - Stockage
Coût cumulés actuels EDF :     23G€
Coût futurs pour déchets à longue durée de vie établis par l’ANDRA (agence d’Etat chargée du stockage géologique).
  • Devis 2005 à                                  16,5 G€
  • Revu en 2009 à                             36 MG€

Ce dernier pas accepté par EDF
Les MOX et URE comptabilisés comme relevant du stockage géologique. D’autres solutions pourraient exister dans les réacteurs de 4ème génération. La Cour fait 2 recommandations :
  • sur un devis réaliste de stockage par l’ANDRA conforme aux recommandation de l’ASN (Autorité de Sûreté Nucléaire),
  • sur l’estimation correcte des coûts géologiques relatifs aux MOX et URE.

C’est 40% de l’investissement initial (moyenne des deux devis).

Ces charges de démantèlement et de stockage, soit 55% de l’investissement initial, sont  en effet futures et incertaines, mais aussi engagées, et donc irréversibles, quelle que soit la politique énergétique future.

1-10 - Des investissements de maintenance qui vont augmenter
Pour maintenir le bon fonctionnement, améliorer la sûreté, et éventuellement augmenter la durée de vie des centrales. EDF les estima en 2010 à :
  • 50 G€ sur la période 2011 à 2025, soit 3,3 G€ par an.

Après prise en compte des enseignements de Fukushima, cette estimation est révisée à :
  • 55 G€ sur la période 2011 à 2025, soit 3,7 G€ par an

C’est 45% de l’investissement initial

1.12 - Un coût du capital très significatif aux estimations diverses selon l’objectif poursuivi
  • Industrie très capitalistique
  • Historique du financement complexe, incertain ou inaccessible
  • Valeur du parc d’occasion impossible à évaluer
  • Ratios boursiers inopérants faute d’opérateurs comparables
  • Approche par flux de trésorerie incertaine comme les tarifs de l’électricité et la durée du parc

Différentes approches ont été effectuées :
  • Coût comptable de la production pour une année donnée, incluant les amortissements, mais pas de la rémunération du capital, et ne corrige ni l’inflation, ni l’évolution technologique.
  • Approche Champsaur : coût de production des 15 prochaines années, incluant l’amortissement de 25% des actifs (75%  ayant déjà été amortis). La rémunération du capital est incluse comme un taux sur la valeur nette des actifs.
  • Coût courant économique (CCE) : Le coût du capital prend ici la forme d’un loyer annuel constant sur toute la durée, supporté par l’opérateur. Elle donne le coût en cas de reconstruction à l’identique.

En économie d’entreprise usuelle :
Les amortissements qui sont des coûts fixes, assurent le renouvellement des investissements, et donc la conservation du capital.
Les bénéfices d’exploitation ne font pas partie des coûts. Ils sont formés par l’écart entre le prix de vente et le prix de revient complet.
Il est surprenant que la Cour ait considéré la rémunération du capital comme un coût ! C’est une vision pessimiste et peu orthodoxe de ceux-ci.

1.13 - Des coûts qui diffèrent selon l’approche de calcul
Les différences résultent de l’évaluation et du financement des investissements
Tous les autres coûts, y compris démantèlement et stockage, sont inclus sur la base de l’année 2010, soit 408 Twh et d’une durée de vie de 40 ans. Ils aboutissent aux résultats suivants :
  • Coût comptable :                        33,4 €/Mwh
  • Coût Champsaur :                       33,1 €/Mwh
  • Coût CCE :                                      49,5 €/Mwh


Des approches différentes sont utilisées par :
L’Agence de l’énergie nucléaire de l’OCDE
La Direction Générale de l’Energie et du Climat (DGEC)
Qui considèrent le coût de l’énergie produit par un nouvel entrant. Dans le cas de l’EPR, on peut estimer :
  • Tête de série Flamanville : 80 €/MWh
  • Suite de série : 70M €/Wh


1.15 - Des résultats peu sensibles aux charges futures provisionnées
Ces charges étant lointaines, elles sont réduites par l’actualisation effectuée sur la base de 5% par an, soit 2,94% réel + 2% d’inflation de 79 G€ à 36 G€, selon le tableau ci-dessous :
G€
EDF
AREVA
CEA
TOTAL
Charges brutes
62,1
10,5
6,8
79,4
Provisions
28,3
5,6
4,5
38,4
Prov. / Ch. Br.
46%
54%
66%
48%
Le coût du Mwh l’énergie est sensible aux paramètres comme sui :
  • Taux d’actualisation :                 -1% à +0,8%
  •                                                      +1% à -0,6%
  • Devis ANDRA : dernier devis à+1%
  • Démantèlement : hypothèse d’école +50% à+2,5%

La sensibilité du coût du MWh aux opérations de fin de vie est limitée.

1.17 - Impact significatif de l’évolution des investissements de maintenance
Investissement de maintenance
Coût comptable
Champsaur
CCE
Valeur 2010 : 1,747 G€
33,4 €/Mwh
33,1 €/Mwh
49,5 €/Mwh
Valeur réactualisée : 3,7 G€
38,2 €/Mwh
37,9 €/Mwh
54,2 €/Mwh
Variation %
+14,5%
+14,5%
+9,5%

1.18 - Effet de la durée de vie des centrales sur leur rentabilité
Seule l’approche comptable est pertinente, puis que les deux autres n’en tiennent pas compte.
L’effet est très important pour deux raisons :
  • les recettes liées à l’investissement initial s’accroissent
  • les dépenses d fin de vie sont repoussées, et donc réduites par leur actualisation

2      - Des dépenses financées sur crédits publics

Les coûts supportés par l’exploitant doivent être complétés par les coûts supportés par la Collectivité, liés à la recherche et à la sûreté.

2.19 - En 2010, les dépenses récurrentes sur crédits publics sont d’un montant limité, roche de celui de la taxe sur les installations nucléaires de base.
Dépenses : Recherche publique (414 M€) + Sécurité et Sûreté (230 M€) = 414 M€
Taxe sur les installations nucléaires de base : 580 M€.

2.19 - Le développement de l’énergie nucléaire repose sur un fort investissement dans la recherche qui a été financé majoritairement sur crédits publics 
Le coût cumulé de la recherche depuis les années 50 est estimé à 55 G€, soit 1 G€ par an, dont 38 G€ pour la recherche publique, soit 0,69 G€ par an, soit encor 70% du total. Mais les 10 dernières années sont plus proches de 40%.
Les coûts publics de la sécurité et de la sûreté n’ont pu être chiffrés, mais sont probablement en augmentation par la création de l’ASN (Autorité de Sûreté Nucléaire » et de l’IRSN (Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire).
On peut estimer que l’augmentation de la taxe de base, multipliée par 4,6 entre 2000 et 2010, ajoutée à la diminution des coûts de recherche publique, amène à ne situation d’équilibre.

2.20 - L’Etat devra financer les provisions du CEA
Les charge futures actualisées du CEA s’élèvent à 2,9 G€  pour le démantèlement et 1,5 G€ pour les déchets et combustibles usés, soit 4,5 G€, dont 3,1  G€ sont couverts par des créances sur l’Etat et des titres d’AREVA. L’Etat devra financer le solde. Le sérieux des estimation ne fait pas disparaître les incertitudes.
Le CEA, établissement public, a-t-il une comptabilité analytique permettant de suivre ses coûts par objet ? Comment imputer les coûts de recherche sur leurs différentes retombées ?

2.20 - Le programme de 4ème génération augmente sensiblement les dépenses futures de recherche sur crédits publics
Le développement de la filière à neutrons rapides au sodium repose sur la création du réacteur de démonstration ASTRID dont lavant projet détaillé est évalué à 650 M€. La suite du développement ne peut être que majoritairement sur crédits publics.
De combien ces chiffres auraient-ils été réduits si le réacteur Superphénix de Creys-Malville n’avait pas été arrêté sur décision purement politique en 1981 ?

2.21 - L’Etat assure une partie du risque « responsabilité civile » en cas d’accident nucléaire.
Le risque nucléaire est très peu probable, mais s’il s’avérait, extrêmement coûteux, bien au delà des plafonds des garanties à la charge de l’exploitant. Au-delà de ces plafonds, l’Etat est l’assureur de fait. La Cour recommande :
  • que la France s’efforce de faire rentrer en vigueur les protocoles signés en 2004 et augmentant sensiblement ces plafonds
  • que le droit français soit appliqué avec rigueur dans l’agrément des garanties financières imposées aux exploitants.


3 - Les questions en suspens

3.23 - L’importance des coûts ne doit pas conduire à négliger les externalités, positives ou négatives, des différentes formes d’énergie.
Le coût, faible, des émissions de CO2 est le seul chiffrable. Il ressort à 90 M€ sur la base de 15€/T, soit 6 MT de CO2, soit encore 15 kg de CO2 /MWh, très bas.
La Cour recommande des études sur les éléments non chiffrables tels que santé, environnement, balance des paiements, économie, pour toutes les formes d’énergie.

3.23 - Le chiffrage des évaluations complémentaires de sûreté réalisées à la suite de l’accident de Fukushima doit être complété et affiné
A la suite de cet accident, l’ASN a publié de 3 janvier 2012 un rapport comportant un avis sur les installations prioritaires d’EDF, d’AREVA et du CEA.

3.24 – La situation d’EDF
Il entraîne deux types de coût :
  • Des investissements, estimés à 10 G€, en vue « d’augmenter la robustesse des installations face à des situations extrêmes », et la mise en place de la « force d’action rapide » évaluée à 300 M€ par ans.
  • Des facteurs sociaux, organisationnels et humains, qui impacterons les effectifs et l’organisation des travaux sous-traités.

3.24 – La situation d’AREVA
La diversité des installations d’AREVA nécessite une adaptation du cahier des charges ASN qui doit déboucher mi-2012 sur les mesures concrètes à prendre en cas de crise. Il y a lieu de constituer un noyau dur  pour chaque plateforme, et de rendre plus robuste le remplissage des piscines. AREVA estime que ces dispositions ne devraient augmenter que de quelques 100 M€ son programme d’investissements de 5 G€ sur 5 ans, mais la Cour n’a pas encore le moyen de valider ces chiffres qui restent à préciser.

3.24 – La situation du CEA
Ses installations sont encore plus diversifiées que celles d’AREVA, et 3 sur 5 des sites évalués sont en cours de démantèlement. L’examen prévu  en 2012 permettra de déterminer les investissements qui auront encore un sens. Le CEA estime les coûts correspondants dans une large fourchette de 50 à 500 M€ étalés sur 3 ou 4 ans.

De manière générale, il est encore trop tôt pour chiffrer les investissements et coûts résultants du retour d’expérience de Fukushima, qui, selon l’ASN, peut prendre un dizaine d’années, la robustesse aux situations extrêmes n’étant qu’une première étape.
La Cour, assez peu au fait de l’industrie et de la maîtrise de la qualité, semble considérer que la sûreté, qui est une forme de qualité, a nécessairement pour contrepartie des coûts. Ce n’est pas nécessairement le cas, beaucoup d’améliorations pouvant résulter d’une meilleure conception des installations et  d’une meilleure culture du personnel. Rappelons que, contrairement à Fukushima qui résulte d’abord d’un tsunami séculaire, l’accident sur un EBR à Three Miles Island, comme la catastrophe du RMBK de Tchernobyl résultent d’abord d’erreurs humaines.

3.25 - La multiplication des dérogations à la loi de 2006 et les conséquences de la crise financière sur la gestion des actifs dédiés devraient conduire à un réexamen des conditions de mise en œuvre de ce mécanisme.
Cette loi sur la transparence et la sûreté nucléaires prévoyait la couverture des provisions (relatives au démantèlement et au stockage) par des actifs dédiés avant juin 2011, reportée à juin 2016. A fin 2010, la provision de 27,8 G€ était couverte par différents titres, notamment d’acteurs de la filière et de filiales, l’Etat restant en charge de 4,6 M€.
La crise financière aggrave l’incertitude sur l’évolution des actifs en couverture.
Les évolutions ont eu lieu sans que la CNEF (Approx : Commission du Financement du démantèlement et de gestion du stockage) ait été crée. Elle est désormais opérationnelle et doit réexaminer le dossier.
Curieuse approche du problème d’EDF, qui ne choque pas la Cour: une provision est une écriture comptable qui vient amputer le résultat pour prendre en compte une charge à venir. Pour financer ces coûts futurs, il semble plus simple de surveiller l’évolution de la liquidité des actifs qu’EDF devra réaliser, ou de sa capacité d’emprunt, sans chercher les couvrir par un actif dédié qui amène sa propre incertitude, bien loin du problème posé, et qui n’a rien à voir avec la production d’énergie. Une bonne gestion de trésorerie ne peut pas être faite par la loi à l’Assemblée Nationale : c’est trop rigide ! Il vaudrait mieux, à la rigueur, imposer des ratios de bilan à EDF, comme aux banques, pas les mêmes bien sûr.

3.26 – La durée de fonctionnement des centrales est une variable stratégique qui devrait faire l’objet d’orientations explicites.
La durée de fonctionnement d’une centrale fait l’objet d’un examen décennal par l’ASN. Seules les centrales du Tricastin et de Fessenheim ont reçu l’autorisation jusqu’à 40 ans, sous réserve de travaux.
Or la comptabilité EDF les amortit en 40 ans. La durée de vie impacte le prix de revient en réduisant l’amortissement annuel, et en reculant les dépense futures.
La Cour constate que fin 2020 22 réacteurs sur 58 auront atteint 40 ans. Le maintien de la production électronucléaire supposerait la construction de 11 EPR, ce qui semble presque impossible pour plusieurs raisons financières et industrielles. Ceci implique soit une prolongation de la duré  de vie des centrales, soit le recours à un mix énergétique différent, sans que ces orientations aient été communiquées.

3.27 – Des investissements importants à prévoir à court/moyen terme avec des conséquences significatives sur le coût de production
Les coûts réévalués des centrales actuelles ont été vus ci-dessus.
Si ces centrales actuelles, après prolongation jusqu’à 50 ans,  étaient remplacées par 11 EPR à 5 G€ l’unité, l’investissement correspondant serait de 55 G€ sur les 20 ans à venir. Ils s’ajoutent aux investissements dans la distribution et, éventuellement, dans la recherche pour les réacteurs de 4ème  génération dont les coûts, pas encore connus, seront plus élevés.
Compte tenu du délai entre la décision et les délais, particulièrement dans le nucléaire mais aussi dans les autres filières et les économies, la non-décision aboutit à faire le choix de prolonger le parc actuel au-delà de 40 ans.

3.28 – Un besoin de maintenir la transparence sur les chiffrages et d’actualiser régulièrement les données du présent rapport
La complexité du sujet, le nombre d’hypothèses et les incertitudes amènent la Cour à recommander de :
  • Revoir et approfondir régulièrement cette analyse
  • Préciser les méthodes d’évaluation d’incertitude, et l’analyse des probabilités d’accident
  • Suivre a posteriori les facteurs de coûts, notamment post Fukushima
  • Capitaliser les efforts faits par les différents acteurs.

Les décisions en matière de production électronucléaire devront être prises en fonction des couts, mais aussi des externalités non chiffrables tels que santé, environnement, balance des paiements, économie, pour toutes les formes d’énergie.
Conclusion très modeste et consensuelle, un tantinet pro domo !
L’ensemble du rapport montre la sagesse légèrement pessimiste qui sied en la matière.
Pour autant, la mise à disposition de chiffres difficilement contestables permet de tirer des conclusions qui font l’objet d’un autre message.

Quelles conclusion opérationnelles à en tirer ?
Voir le message du présent blog à ce sujet.