Sujets connexes sur la sécurité routière
Les analyses
qui suivent ont été élaborées par l’auteur du présent blog pour le Groupe de
réflexion de l’amicale des anciens directeurs d’un groupe international de
l’industrie automobile, qui les a discutées. Les membres du Groupe de réflexion
sont tous retraités, et n’ont donc plus
d’intérêts directs dans l’industrie automobile.
Document à parcourir : « Faits et
Chiffres » de l’Union Routière de France
1.1. Mesure de
la sécurité routière
Différents paramètres peuvent être envisagés,
mais peu sont fiables :
- Nombre d’accidents matériels ne sont pas déclarés aux compagnies d’assurances pour éviter les malus, ou faute de partie adverse identifiée.
- La notion de blessure est subjective, le recours à des soins pour des blessures mineures ayant très probablement augmenté depuis 40 ans. Les durées d’hospitalisation qui sont au contraire en diminution, et dépendent fortement de la motivation du blessé, n’apportent pas non plus de base fiable.
- La notion d’IPP (Invalidité Partielle Permanente, devenue « AIPP ») pourrait être une source objective permettant de prendre en compte les invalidités en plus des décès, mais elle ne semble pas faire l’objet de statistiques.
- Le taux de gravité (nombre de décès en % des accidents corporels), varie peu et reste depuis 40 ans entre 5,2% et 7%. Il n’apporte pas d’enseignement sur l’évolution, très probablement en raison de l’incertitude sur le dénominateur.
- Un décès est presque binaire, mais pas tout à fait, en raison de sa date de survenance : les statistiques ont comptabilisé jusqu’en 2005 (date incertaine) les décès survenus dans les 8 jours après l’accident, délai qui a ensuite été porté à 30 jours, mais les historiques ont été corrigés. Par ailleurs, on ne peut pas exclure que certains décès consécutifs à un accident attribué à la vitesse excessive d’un véhicule unique ne soient en réalité des suicides, à ajouter aux 10 000 répertoriés comme tels chaque année. Il reste néanmoins techniquement le « meilleur » paramètre.
Le Groupe a
partagé l’idée que, à défaut de statistiques sur les IPP, le seul paramètre fiable sur l’évolution à
long terme est bien le nombre de décès.
1.2. Enjeu de la sécurité routière
Bien que les chiffres ci-dessous soient plus ou
moins fiables (multiplicité et fiabilité de sources pas toujours neutres,
périodes différentes), leurs ordres de grandeur restent intéressants :
Cause de décès
|
Source
|
Nbre/an
|
Taux
|
Appréciation
|
Toutes
|
INSEE 2011
|
534 600
|
1 000‰
|
Fiable
|
Tabac
|
Institut Gustave Roussy
|
73 000
|
136‰
|
Surestimés – Causes multiples
|
Alcool
|
Institut Gustave Roussy
|
49 000
|
92‰
|
|
Suicides
|
INSEE
|
10 700
|
20‰
|
Sous-estimé
|
Maladies nosocomiales
|
C.CLIN Paris-CN, PHRC, 2011
|
4 200
|
8‰
|
Cause unique
|
Accidents route
|
3 268
|
6‰
|
Assez fiable
|
|
Meurtres
|
Police et Gendarmerie
|
655
|
1‰
|
Sous-estimé
|
Accidents du travail
|
CNAM RP 2011
|
550
|
1‰
|
Assez fiable
|
Noyades (domest. incl.)
|
Secourisme revue 2009
|
300
|
0,5‰
|
Incertain
|
Le Groupe a été
surpris de la position relativement basse des décès par accidents de la route.
Sans aucun doute, sa position médiatique est supérieure, ce qui est plutôt une
bonne chose pour poursuivre l’amélioration.
1.3. Comparaison européenne
Pour caractériser le risque, on utilise le quotient
du nombre de décès annuel par le
kilométrage parcouru (en milliards de Km, abréviation « Tm » pout
Téramètre).
Après regroupement des petits pays afin de faire
porter la comparaison sur des ensembles de tailles pas trop différentes, les
taux 2012 (derniers disponibles) sont les suivants :
Le Groupe a
pris acte de ces chiffres et de la relativement mauvaise performance de la
France, notamment par rapport au Royaume-Uni. La circulation à gauche,
fortement corrélée, ne peut pas être une cause. La Scandinavie dispose d’une
très faible tolérance vis-à-vis de l’alcool, qui est sans doute une cause. Les autres
réglementations sont très voisines. Les infrastructures sont de qualité
équivalente. La cause de la médiocre position française n’apparaît pas
clairement, mais elle est peu différente de ses voisins.