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Dans son édition du 5 décembre
2016, le quotidien « Les Echos » nous informe par un article de Anne
Veitz et Véronique Le Billon, de la publication par la Commission Européenne d’un « paquet énergie » qui vise
à mettre un peu d’ordre dans les subventions aux énergies vertes, ce qui ne manque
évidemment pas d’alarmer certains de leurs acteurs. Ces dispositions comportent
trois nouveautés principales :
1 - Neutralité technologique
Un appel d’offres peut être lancé
sans référence à une technologie particulière, la réponse pouvant être solaire,
éolienne ou autre, au choix du soumissionnaire. Ceci permettra de faire la
vérité sur la compétitivité relative des différentes filières, ce qui est un
progrès.
L’argument des fabricants selon
lesquels ces dispositions les priveraient des volumes permettant de baisser les
coûts ne sont pas recevables : tous les secteurs de l’industrie sont
confrontés à ce dilemme, et il n’y a aucune raison d’en exempter les filières
de l’énergie verte selon des critères nécessairement arbitraires et donc peu
pertinents.
2 - Fin de priorité d’injection
L’utilisation prioritaire des
énergies vertes par les opérateurs de réseaux conduit ces derniers à de lourdes
pertes ; il est arrivé, notamment en Allemagne,
que l’énergie rachetée par eux au prix administré ait due être revendue à un
prix négatif, tant leur production excédait la demande. En outre, la nécessité
d’ajuster constamment la production à l’offre, problème majeur et permanent des
réseaux de distribution, doit être fait de préférence par les moyens de production
les plus souples : il est très facile de réduire ou d’arrêter une éolienne
en agissant sur le pas de la turbine, ou de réduire la production d’un panneau
PV en laissant monter la tension sur les éléments, ou en les déconnectant.
3 - Réduction des biocarburants de première
génération
A la surprise générale, mais non sans pertinence, La Commission veut réduire la part des biocarburants de 7% en 2020 à 3,8%, guère plus de la moitié, en raison de leurs effets pervers sur la production alimentaire et sur la déforestation.
4 - L’abondement reste à
inventer par la Commission !
Depuis la création de notre blog en 2012, nous dénonçons les avantages indus octroyés aux filières vertes pour leur apporter une compétitivité factice au détriment des abonnés aux réseaux électriques, et sans effet significatif, voire avec un effet négatif sur les émissions de CO2 dont la réduction demeure une priorité. Il est donc clair que nous approuvons sans réserve ces nouvelles dispositions. Elles ont d’ailleurs été largement anticipées par l’Allemagne en juin 2016.
Nous avons aussi longuement
analysé et souligné les effets pervers de l’intermittence de la production qui
oblige à créer des moyens de production thermiques de même capacité (l’hydraulique
n’étant pratiquement pas extensible) sous astreinte (en « standby »),
constamment capables de pallier la réduction ou l’arrêt imprévues de la
puissance verte. Voir les messages sur Cestas
et Halidade.
Mais la Commission n’a pas (encore ?)
utilisé le dispositif que nous préconisons depuis 2014 pour améliorer la
compétitivité des énergies vertes :
l’abondement. Il consiste à laisser les producteurs d’énergies vertes revendre
leur production à l’opérateur de réseau au prix de marché, en les aidant par un
abondement calculé en pourcentage des paiements qu’ils reçoivent de l’opérateur
de réseau. Ce pourcentage serait fixé par le moins-disant de l’appel d’offres
technologiquement neutre. Le coût de l’abondement est répercuté dans la CSPE.
Son taux rappelle constamment le progrès qui reste à parcourir pour
atteindre la compétitivité réelle.