Sujets connexes sur la transition énergétique
Faisabilité des
engagements recentrés (en construction)
Résumé
Selon le GIEC, l'urgence est la réduction mondiale des émissions de gaz à effet de serre, et donc du CO2, principal concerné.
De ce fait, des engagements de réduction d'émissions ont été pris aux niveaux européen puis au niveau français, aux fins de contribution et d'exemplarité, ce qui ne peut qu'être approuvé dans le principe.
Mais ces engagements lourds ont été "complétés" par d'autres engagements fort peu pertinents, soit redondants et insuffisants, comme la réduction des combustibles fossiles qui va de soi, soit inutiles et hors du sujet comme la réduction de la consommation énergétique finale, ou la part des renouvelables dans la production électrique, soit même nuisibles comme la limitation de la part du nucléaire (décarboné) dans la production électrique.
Il est nécesaire de recentrer cette loi sur le seul sujet incontestable: la réduction des émissions de CO2, qu'il n'est pas nécessaire de détailler davantage, car elle ne pourra être obtenue que par une réduction de la consommation de charbon, de pétrole et de gaz, le premier étant de loin le plus émetteur.
Les objectifs de réduction des émissions de CO2, très lourds, ne pourront pas être tenus si on y ajoute des difficultés supplémentaires considérables d'origine idéologique, telles que la sortie du nucéaire. L'Allemagne, qui remplace ses centrales nucléaires décarbonées par centrales à lignite très émettrices et polluantes est un parfait contre-exemple!
Développement
Les recommandations du GIEC, qui
résultent de modèles trop complexes pour être vérifiés, et que nous acceptons
donc en l’état, portent exclusivement sur la
réduction des émissions mondiales de gaz à effet de serre, parmi lesquelles
le CO2 anthropique (émis par l’homme) est le plus important. C’est
évidemment un problème mondial majeur,
mais en rien une pollution locale : rappelons que le CO2 est, à
travers la photosynthèse, à l’origine de toute vie végétale. Il y a donc lieu
d’orienter la politique énergétique nationale dans ce sens aux fins
d’exemplarité, et de contributions aux efforts collectifs qui sont encore loin
d’être universels.
Sachant qu’il n’y a pas de
déforestation en France, et que tous les
projets de captation du CO2 ont été abandonnés, seule la réduction de consommation de ces trois énergies fossiles peut réduire
directement l’émission de CO2.
Toutefois, pour un même apport
énergétique, ces énergies fossiles amènent des émissions très différentes: le charbon émet 64% de plus que le pétrole, et le gaz 21% de moins.
Entre le charbon et le gaz, il y a plus qu’un facteur 2. Quand c’est possible,
remplacer le charbon par le gaz permet de parcourir plus de la moitié du chemin
vers une suppression des émissions, et ceci peut souvent être fait rapidement
et pour un coût modique.
Les consommations de combustibles en France en 2013 (source SOeS) sont les
suivantes :
Les émissions correspondantes de CO2 sont les
suivantes :
Les engagements de l’Europe pris en 2007
étaient les suivants :
Emission de gaz à effet de serre (base 1990)
|
1 :
-20% en 2020
|
Consommation énergétique finale (base 2012)
|
3 :
-20% en 2020
|
Part des renouvelables dans la product. électrique
|
5 20% en 2020
|
Emission de gaz
à effet de serre :
L’engagement « 1 » résulte directement des
recommandations du GIEC. Il est indiscutable dans son principe. Il a en plus un
sens économique, car en dépit d’une
récente baisse inattendue et sans doute passagère, les prix du pétrole et du
gaz augmenteront inéluctablement à moyen et long terme, en conséquence d’une
probable pénurie. Le report sur le
charbon, dont le risque de pénurie est encore lointain, et dont le coût
dépend principalement de l’extraction, est donc un risque écologique majeur qui renforce le sens à cet engagement.
Consommation
énergétique finale :
L’engagement « 3 », heureusement non
juridiquement contraignant, peut être obtenu de deux manières :
- Par amélioration de l’efficacité énergétique (isolation, pompes à chaleur, covoiturage, rendement des moteurs et de l’éclairage...), qui est souhaitable, mais n’est finalement qu’un un moyen de tenir l’engagement « 1 »
- Par réduction des prestations (baisser le chauffage, voyager moins, réduire l’éclairage …), soit une régression du niveau de vie qui n’est pas souhaitable, ou une régression de la population, encore moins souhaitable.
Cet engagement « 3 » ouvre la porte à la
pénurie délibérée en tant que moyen de réduire les émissions de CO2, ce qui est
difficilement acceptable si l’on remarque que (Statistiques mondiales
2011):
- Un résident français émet 40% de moins qu’un allemand, et 68% de moins qu’un américain.
- La France n’émet que 1% du CO2 anthropique mondial
Relatif aux moyens, et non au résultat, il n’est ni
équitable, ni nécessaire, et peut être supprimé.
Part des
renouvelables dans la production électrique:
L’engagement « 5 », strictement interne, n’a
aucune relation avec les objectifs du GIEC. La production électrique française
est décarbonée à 94%, cas unique dans le monde, et exemple à suivre. La production électrique française est à 79%
du nucléaire, 12% hydraulique, et 3% pour la biomasse ou de l’incinération des
déchets, tous décarbonés. Si les 6% manquants pour arriver à 20% doivent résultent
des énergies dites « vertes » dont la production est aléatoire
(éolien) ou contra-cyclique (photovoltaïque) au détriment du nucléaire, on
aboutira, comme en Allemagne, a un accroissement de la production thermique (actuellement
6%) assurant le relais, ce qui va dans
le sens contraire des recommandations du GIEC. Cet engagement résulte en
réalité de positions idéologiques et politiciennes. N’étant pas juridiquement
contraignant non plus, cet engagement doit être supprimé.
La loi française sur la transition énergétique
Elle a complété et relevé ces engagements comme ci-dessous :
Emission de gaz à effet de serre (base 1990)
|
1 : -40% en 2030
|
2 : -75% en
2050
|
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Consommation énergétique finale (base 2012)
|
3 : -20% en 2030
|
4 : -50% en 2050
|
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Part des renouvelables dans la production électrique
|
5 :
23% en 2030
|
6 : 40% en 2050
|
|
Consommation de ressources fossiles (base 2012)
|
7 :
-30% en 2030
|
Part du nucléaire dans la product. électrique 2025
(78% en 2014)
|
8 :
50% en 2025
|
La loi française sur la transition énergétique comporte 8 engagements, dont
3 (n° 1,
3 et
5)
sont repris de l’engagement européen antérieur auxquels s’ajoutent les
engagements 2,
4, 6, 7 et 8.
Emission de gaz à effet de serre :
L’engagement «1 » à : -40% en 2030 est
renforcé par un engagement « 2 » extrêmement ambitieux, à -75% en 2050. Mais les deux sont conformes aux
recommandations du GIEC, et sans doute nécessaires,
mais ne seront utiles que si les principaux pays émetteurs (USA, Chine,
Allemagne…) font un effort important, sinon équivalent. Ces engagements ne peuvent
être tenus qu’à la condition nécessaire, mais pas suffisante, de ne pas fabriquer de difficulté
supplémentaire, notamment d’origine idéologique.
Consommation énergétique finale
L’engagement « 3 »
: -20% en 2030 est reporté de 10 ans, mais renforcé par un engagement « 4 »
très ambitieux à -50% en 2050. Diviser par 2 la consommation énergétique finale
avec une population croissante (+10% selon l’INSEE) suppose de multiplier l’efficacité
énergétique par environ 2,2, ce qui ne pourra se faire qu’avec des
investissements énormes (bâtiment, automobile, certaines industrie…) qui
devront compenser les secteurs ou peu de progrès sont possibles (sidérurgie,
avions…), entraînant une augmentation des coûts qui répartiront la pénurie. La condition ci-dessus est encore plus valide,
et la faisabilité reste à démontrer. Cet engagement porte sur les moyens, alors
que seul le résultat (émettre moins de CO2) compte : qu’importe
que cette consommation énergétique finale demeure élevée si elle est
décarbonée ? Cet engagement, hors du sujet, peut être supprimé sans inconvénient.
Part des renouvelables dans la production électrique
L’engagement « 5 »,
sans aucun lien avec les objectifs du GIEC et strictement français, se trouve
un peu augmenté à 23%, mais retardé à
2030, et complété par l’engagement « 6 » à 40% en 2050. Les effets pervers de cet
engagement, déjà mentionnés ci-dessus, se trouvent ainsi lourdement aggravés,
sans l’excuse d’une influence des « Grunen » d’outre-Rhin. C’est donc
l’activisme d’une petite minorité française d’écologistes, qui a obtenu un tel
engagement, concédé pour des raisons politiciennes, qui n’apporte rien et doit donc
absolument être supprimé.
Consommation de ressources fossiles
Le très surprenant engament « 7 »
ne prévoit qu’une réduction de 30% de la consommation de combustibles fossiles
d’ici 2030. Comme TOUTE l’émission
de CO2 résulte de l’utilisation de combustibles fossiles, on voit
mal comment ce 30% pourrait se traduire
par une réduction de 40% des
émissions de CO2 à la même date. Le seul écart entre consommation et
émission est le captage de CO2, tellement coûteux et incertain que
tous les projets sérieux ont été abandonnés. Cet engagement est à la fois insuffisant par rapport à l’engagement « 1 »,
et inutile puisque redondant avec lui. Il doit
donc être supprimé.
Part du nucléaire dans la production électrique
C’est l’engagement 8 qui
limite cette part à 50%. Elle est actuellement de l’ordre de 79%. Cette spécificité
française n’est en rien un inconvénient : le coût de l’uranium en tant que
source d’énergie thermique étant est très bas, la France a bénéficié d’une
énergie électrique beaucoup moins chère que celle des pays comparables, et
notamment de l’Allemagne. Son exploitation n’émet pas de CO2. Sans
être à proprement parler renouvelable, les stocks connus d’uranium permettent
plusieurs siècles d’exploitation selon les technologies et dans les volumes
actuels, et énormément plus avec des surgénérateurs. La filière au thorium, plus
chères, mais encore plus sûre car à sécurité positive (toute panne provoque
l’arrêt naturel de la réaction) exploiterait des ressources qui sont
pratiquement illimitées. Les risques potentiels d’exploitation et de stockage
des déchets sont parfaitement maîtrisés dans la technologie des réacteurs PWR
(Westinghouse / Areva / EDF), seule utilisée en France (Voir développement
ci-dessous).
Dans ce contexte, ramener la production nucléaire de 79% à 50% n’a
aucun sens : la réduction de la production n’entraîne pas automatiquement
une réduction proportionnelle du nombre de centrales. Mais surtout, comment
remplacer les 29% perdus ? Outre leur prix extravagant, les énergies vertes
fatales et contra-cycliques en sont
incapables, car les seuls moyens réellement possibles de stockage de l’énergie
électrique sont les STEPS (centrales hydrauliques réversibles) limitées en
capacité, et seulement dans les zones proches des montagnes. La seule
« solution » est celle utilisée en l’Allemagne : on ferme des centrales nucléaires et on
construit des centrales au charbon, très émettrices de CO2, ou pire,
au lignite avec le même inconvénient
plus des quantités monstrueuses de poussières imbrûlées. Cet engagement est
évidemment aux antipodes des recommandations du GIEC et
doit impérativement être supprimé.
Loi sur un objectif recentré
Les analyses ci-dessus montrent
que les émissions de CO2 seront plus facilement réduites si la loi
sur la transition énergétique se recentre sur deux étapes d’un même objectif
très ambitieux :
Emission de gaz à effet de serre
(base 1990)
|
1 : -40% en 2030
|
2 : -75% en 2050
|
Tous les autres sont en effet
insuffisants (7),
inutiles (3,
4, 5 et 6) ou
nuisibles (8).
Ainsi formulée, la loi devient
plus claire et moins coûteuse, donc plus réaliste car le coût est toujours un
obstacle à l’action et un frein au développement économique.
Un message en préparation évaluera
la faisabilité de ces objectifs recentrés. En première analyse, le 1 est
difficile, mais peut-être pas hors de portée, alors que le 2 est
totalement irréaliste.