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Résumé
La filière hydrolienne rencontre des déboires
successifs qui renforcent notre pessimisme à son égard :
- Alstom (GE) abandonne le développement de sa turbine Océade, et « plante » ainsi son client Engie dans son projet pour le Raz Blanchard.
- Les deux hydroliennes DCNS et exploitées par EDF au large de Bréhat ont dû être remontées pour une longue maintenance suite à des problèmes de corrosion.
- Il ne reste plus qu’une hydrolienne en fonctionnement, de 1 MW, immergées par Sabella dans le Fromveur en mer d’Iroise. Mais cette société annonce une production de 70 MWh depuis un an ! Ce chiffre insignifiant est soit faux, soit extrêmement mauvais, car il montrerait un facteur de charge inférieur à 1% (70 MWh / 8 670 MWh), alors que l’analyse des marées variables permet d’espérer plus de 30%.
- Les éléments économiques rapportés par Les Echos ne laissent pas espérer d’amélioration de compétitivité. Selon nous, pour la faire progresser, l’abondement reste préférable à la subvention directe.
Dans son édition du 9 janvier 2017, le quotidien « Les
Echos » nous informe par un article de Anne Veitz et Véronique Le Billon,
des difficultés rencontrées par la filière hydrolienne de production
électrique. Trois éléments nous paraissent particulièrement significatifs, dont
un est pourtant présenté comme positif :
1 - Alstom, du
Groupe General Electric, arrête le développement de la turbine Océade, d’une
puissance nominale de 1,4 MW, dont 4 exemplaires devaient être implantés au Raz
Blanchard (devant la pointe de La Hague au nord-ouest du Cotentin), un des plus
forts courants du littoral français. Son client Engie, exploitant prévu, se
retrouve ainsi sans fournisseur. Alstom a « jugé cette technologie trop amont
en termes de maturité »,
2 – Les deux
hydroliennes munies de turbines DCNS, immergées en 2016 au large de Bréhat par
EDF, ont dues être rapatriées à terre pour maintenance suite à des problèmes de corrosion,
probablement électrolytiques en raison de nuances d’inox inappropriées sur des
boulons. Nous avions cité la
corrosion comme un problème difficile dans notre
message à ce sujet publié en novembre 2011. Ceci aura aussi pour effet de retarder la
mise en service des sept hydroliennes prévues par le consortium EDF-DCNS pour
le raz Blanchard.
3 - La seule
hydrolienne restant en activité est celle de Sabella, d’ne puissance nominale
de 1 MW, immergées dans le passage du Fromveur, redouté des marins, entre
Ouessant et Molène en mer d’Iroise. Le PDG de cette société semble satisfait
d’annoncer que « Nous avons produit 70 MWh sur la période » de juin 2015 à juin 2016. Or une année
équivaut à 8 670 heures. Selon ces chiffres, la puissance moyenne de
l’hydrolienne est de 70 000 KWh / 8 670 h = 8 KW, soit un
facteur de charge de 0,8% !
Rappelons que la puissance d’une hydrolienne est proportionnelle au
carré de la vitesse du courant, laquelle est proportionnelle à la racine carrée
de la dénivellation ; elle est donc proportionnelle à la dénivellation,
tout comme une usine marémotrice, mais avec un déphasage retard de ¼ de
période ou plus selon la topographie des lieux : ses maximums sont au-delà
des mi-marées et non aux étales. Le caractère intermittent du courant et les
variations mensuelles et semestrielles des marées laissent prévoir un facteur
de charge théorique de 42% pour une hydrolienne dimensionnée pour les marées
d’équinoxe, selon graphe ci-dessous qui donne en ordonnées les hauteurs d’eau
conventionnelles par rapport au niveau moyen sur un trimestre, et ce, d’un
équinoxe au solstice suivant sur les abscisses graduées en heures.
Ceci voudrait dire que la production a été 0,8% / 42% = 1,9% de la
production maximum théorique. Ces chiffres sont donc soit très mauvais, soit
faux : dans les deux cas, ils ne démontrent rien quant à la viabilité de
la filière !
Dans le message
déjà cité, nous constations le prix extravagant des investissements
nécessaires, de la maintenance et donc de l’énergie produite. L’article de
Echos rapporte que « dans la baie de Fundy, au Canada, la première
hydrolienne connectée au réseau électrique livre à un prix de […] 380
€/MWh. ». On ne sait pas sur quelle base
d’amortissements ce prix a été calculé, mais on sait que le prix de marché de
gros de l’énergie électrique se situe normalement entre 30 et 60 €/MWh. Bien
que prédictible, l’électricité éolienne reste une énergie fatale dont la
survenance est aléatoire. Il nous semble
peu probable qu’elle puisse se justifier économiquement à un horizon
prévisible.
Le coût très
élevé de l’investissement avec une durée de vie nécessairement limitée pose
aussi le problème de la trace carbone de
la fabrication et de l’installation de l’hydrolienne, et de son
amortissement « carbone » sur sa durée de vie. Faute de chiffres, on
ne peut que conjecturer qu’elle est bien pire qu’une centrale nucléaire, et qu’il
n’est pas certain qu’elle soit meilleure qu’une centrale à gaz à cycle combiné.
A tout le
moins, pour avoir une vision nette du sujet, l’Etat ne devrait subventionner
directement ni les études, ni le développement, ni la production, mais plutôt
abonder la facturation au prix de marché, de cette dernière par un coefficient
à déterminer, comme nous l’avons déjà préconisé dans notre dernier
message relatif à l’ensemble des énergies vertes. Un appel d’offres serait
attribué au soumissionnaire proposant le coefficient d’abondement le plus bas.
Ceci permet de prendre en compte la réalité des prix, et de transférer le
risque du contribuable au soumissionnaire.