Le
VE : Innovation pérenne ou rêve écologiste ?
« Dans un monde inondé
d’informations sans pertinence, le pouvoir appartient à la clarté. » Yuval Noah Harari
Les
distorsions « soft » : Infox
VE9.3 - Distorsion € due aux Norme UE d'émissions
L’UE fixe un
plafond aux émissions par constructeur, applicable dès 2021 : L’émission
moyenne doit être inférieure à 95 g/km
NEDC (qui devient 115 g/km WLTP). Cette moyenne est calculée sur les ventes effectives, et non sur l’offre.
9.3.1. Contraintes supplémentaires
supportées par les constructeurs :
- Selon les constructeurs, la correction de 15% sur les émissions normalisées WLTP vs. NEDC serait insuffisante de 5%.
- Justifiée ou non, la baisse des ventes de diesels qui émettent environ 17% de moins que les moteurs à essence de même puissance, rendent la norme UE très difficile à atteindre
- La norme de pollution Euro 6, très exigeante, complique le problème : dans un moteur thermique, il est difficile d’optimiser tous les paramètres à la fois !
9.3.2. Amende en cas de dépassement :
- Elle est dissuasive : 95 € par gramme de CO2 et par véhicule. La vente de 1 million de véhicules ayant un excédent de 10 grammes de dépassement aboutit ainsi à une amende de 950 M€ !
- Par ailleurs, 1 g/km x 160 000 km = 0,16 t de CO2 émis en plus sur la vie du véhicule aboutit à une amende de 95 € / 0,16 t = 600 € la tonne de CO2
- Ce chiffre est extravagant, puisque 100 €/tonne est un montant suffisant pour dissuader les centrales électrothermiques au charbon, la méthode la moins coûteuse pour réduire les émissions de CO2.
9.3.3. Distorsion de concurrence n° 1
Pour réduire la moyenne des ses émissions, chaque
constructeur peut :
- Améliorer le rendement thermique, mais peu de progrès restent possibles.
- Baisser le prix des VT inférieurs à la norme pour en augmenter la pondération, mais au détriment de ses marges, et le gain par rapport à la norme restera très faible.
- Augmenter le prix des VT supérieurs à la norme (la plupart) pour en réduire la pondération, au risque de se couper du marché.
La norme introduit de fait un deuxième malus payé par le
constructeur, s’ajoutant à celui payé par le client au-delà de 115 g de CO2/km. Le VE ne bénéficie pas d'un bonus direct, mais son impact sur la moyenne des émissions, qui vient réduire les pénalités sur les VT à plus de 115 g, constitue
un très important bonus. Cet impact de la norme UE peut être superposé au graphe des bonus /malus et de la prime à
la conversion sur leur graphe commun:
On constate donc que les VE bénéficient ainsi d’une
distorsion de concurrence de
115 g x 95 € = 10 925 €, par rapport à un VT homologué à 115 gr, ou plus…
9.3.4. Distorsion n° 2 : Double
comptage des VE :
Pour faciliter la transition, la norme UE prévoit qu’en 2021 et 2022, les VE (définis comme
émettant moins de 22 gr/km WLTP) compteront
double dans le calcul de la moyenne par constructeur.
Ce double comptage aboutit à doubler pendant 2 ans la distorsion
de concurrence en faveur des VE, qui atteint ainsi le
chiffre étonnant de 21 850 € par VE.
Répétons que ce montant ne sera pas versé aux
constructeurs, mais viendra réduire leurs pénalités sur la plupart des VT. A ce niveau, les constructeurs sont
pratiquement obligés de vendre des VE pour pouvoirs continuer à vendre des
VT !
9.3.5. Distorsion future
L’UE
vient d’adopter une réduction à venir des émissions ci-dessus selon le planning
suivant :
- -15%, soit 98 gr WLTP en 2025
- -35%, soit 75 gr WLTP en 2030
Ces niveaux ne pourront probablement pas être atteints par des VT
conventionnels, ni même hybrides, sauf à en modifier drastiquement
l’architecture, vers des véhicules très bas, très légers et beaucoup moins
puissants, néanmoins capables de circuler comme les VT actuels dans les limites
de la réglementation routière.
Sans le double comptage qui doit être supprimé entre-temps, ces valeurs
réduisent la distorsion par rapport au VT homologué à l’émission maximum WLTP :
- 98 g x 95 €/g = 9 310 € en 2025
- 75 g x 95 €/g = 7 125 € en 2030
Toutefois, les normes risquant de demeurer inatteignables, il convient de calculer
la distorsion de concurrence par rapport aux VT réels, supposés atteindre par
exemple 105 et 90 g/km WLTP, hypothèse
déjà optimiste :
- 105 g x 95 €/g = 9 975 € en 2025
- 90 g x 95 €/g = 8 550 € en 2030.