mercredi 18 mars 2015

1 - La Sécurité routière : Mesure, Enjeux et comparaison




Les analyses qui suivent ont été élaborées par l’auteur du présent blog pour le Groupe de réflexion de l’amicale des anciens directeurs d’un groupe international de l’industrie automobile, qui les a discutées. Les membres du Groupe de réflexion sont tous  retraités, et n’ont donc plus d’intérêts directs dans l’industrie automobile.

Document à parcourir : « Faits et Chiffres » de l’Union Routière de France


1.1. Mesure de la sécurité routière

Différents paramètres peuvent être envisagés, mais peu sont fiables :
  • Nombre d’accidents matériels ne sont pas déclarés aux compagnies d’assurances pour éviter les malus, ou faute de partie adverse identifiée.
  • La notion de blessure est subjective, le recours à des soins pour des blessures mineures ayant très probablement augmenté depuis 40 ans. Les durées d’hospitalisation qui sont au contraire en diminution, et dépendent fortement de la motivation du blessé, n’apportent pas non plus de base fiable.
  • La notion d’IPP (Invalidité Partielle Permanente, devenue « AIPP ») pourrait être une source objective permettant de prendre en compte les invalidités en plus des décès, mais elle ne semble pas faire l’objet de statistiques.
  • Le taux de gravité (nombre de décès  en % des accidents corporels), varie peu et reste depuis 40 ans entre 5,2% et 7%. Il n’apporte pas d’enseignement sur l’évolution, très probablement en raison de l’incertitude sur le dénominateur. 
  • Un décès est presque binaire, mais pas tout à fait, en raison de sa date de survenance : les statistiques ont comptabilisé jusqu’en 2005 (date incertaine) les décès survenus dans les 8 jours après l’accident, délai qui a ensuite été porté à 30 jours, mais les historiques ont été corrigés. Par ailleurs, on ne peut pas exclure que certains décès consécutifs à un accident attribué à la vitesse excessive d’un véhicule unique ne soient en réalité des suicides, à ajouter aux 10 000 répertoriés comme tels chaque année.  Il reste néanmoins techniquement le « meilleur » paramètre. 

Le Groupe a partagé l’idée que, à défaut de statistiques sur les IPP,  le seul paramètre fiable sur l’évolution à long terme est bien  le nombre de décès.

1.2.  Enjeu de la sécurité routière

Bien que les chiffres ci-dessous soient plus ou moins fiables (multiplicité et fiabilité de sources pas toujours neutres, périodes différentes), leurs ordres de grandeur restent intéressants :

Cause de décès
Source
Nbre/an
Taux  
Appréciation
Toutes
INSEE 2011
534 600
1 000‰
Fiable
Tabac
Institut Gustave Roussy
  73 000
  136‰
Surestimés – Causes multiples
Alcool
Institut Gustave Roussy
  49 000
    92‰
Suicides
INSEE
  10 700
     20‰
Sous-estimé
Maladies nosocomiales
C.CLIN Paris-CN, PHRC, 2011
    4 200
       8‰
Cause unique
Accidents route
    3 268
       6‰
Assez fiable
Meurtres
Police et Gendarmerie
        655
       1‰
Sous-estimé
Accidents du travail
CNAM RP 2011
        550
       1‰
Assez fiable
Noyades (domest. incl.)
Secourisme revue 2009
        300
     0,5‰
Incertain

Le Groupe a été surpris de la position relativement basse des décès par accidents de la route. Sans aucun doute, sa position médiatique est supérieure, ce qui est plutôt une bonne chose pour poursuivre l’amélioration.


1.3.  Comparaison européenne

Pour caractériser le risque, on utilise le quotient du nombre de décès annuel par le kilométrage parcouru (en milliards de Km, abréviation « Tm » pout Téramètre).
Après regroupement des petits pays afin de faire porter la comparaison sur des ensembles de tailles pas trop différentes, les taux 2012 (derniers disponibles) sont les suivants :


 Sans que les différences soient criantes, la France réalise la plus mauvaise performance de l’Europe des 15. En revanche, les nouveaux états membres ont un taux radicalement supérieur. Le taux le plus élevé est en Roumanie (Taux = 41).


Le Groupe a pris acte de ces chiffres et de la relativement mauvaise performance de la France, notamment par rapport au Royaume-Uni. La circulation à gauche, fortement corrélée, ne peut pas être une cause. La Scandinavie dispose d’une très faible tolérance vis-à-vis de l’alcool, qui est sans doute une cause. Les autres réglementations sont très voisines. Les infrastructures sont de qualité équivalente. La cause de la médiocre position française n’apparaît pas clairement, mais elle est peu différente de ses voisins.