Les accidents sont des événements, toujours trop
fréquents compte tenu de leurs conséquences dramatiques, mais statistiquement
rares : avec 1 décès par 200 Gm x Véhicule
(Gigamètre = million de kilomètres) parcourus, l’énorme majorité des
trajets est effectuée sans accident matériel, une infime minorité entraîne un
ou plusieurs décès. La réduction de leur fréquence et de leur gravité est donc
rendue difficile par cette rareté, qui résulte souvent de la coïncidence de plusieurs
facteurs, car toute amélioration ne servira que très rarement, et doit donc
être à la fois peu pénalisante en général, et néanmoins efficace.
L’analogie avec la qualité automobile est
frappante : les non-qualités, analogues aux accidents, se comptent en
« ppm » (parties par million). L’objectif « zéro défaut »
doit être obtenu par une meilleure maîtrise de la conception, des matières
premières, du procédé de fabrication, de l’action des opérateurs (qui doit être
ergonomique, et aussi réduite que possible parce que l’homme ne cessera jamais
d’être faillible), du contrôle le plus automatisé possible, d’une logistique
sûre et d’une traçabilité parfaite, mais jamais au détriment du prix de revient
ou du délai.
La qualité
automobile a progressé beaucoup plus vite que la sécurité routière, sans
doute un facteur 10 entre les deux : en 40 ans, le taux d'accident a été divisé par 10, mais le taux d'équipements défectueux dans une production de série a été divisée au moins par 100. Elle est tout aussi complexe, les causes de défauts étant innombrables. Mais la
culture de qualité s’est imposée de
façon logique, instruite par l’analyse systématique des non-qualités
constatées, sans passion inutile, dans une ambiance hautement professionnelle.
On a compris que la coercition ou la motivation sont inopérantes en-dessous
d’un certain seuil, et qu’il faut rendre l’erreur impossible.
Le plus souvent, après un accident de la route,
même grave, les barèmes simplistes des compagnies d’assurance s’appliquent, et
les causes réelles ne sont ni analysées, ni même connues. Uniquement s’il y a
un décès, ou une action pénale à l’initiative d’une des parties, l’analyse faite
par le Ministère Public s’appuyant sur la Police ou la Gendarmerie est une enquête pénale qui recherche les responsabilités liées aux infractions, sans recherche des causes réelles, très souvent multiples.
L’analyse des accidents par des « qualiticiens »
issus de l’industrie automobile permettrait probablement l’élaboration de
solutions rendant leur répétition sinon impossible, du moins très improbable,
avec une efficacité accrue par un meilleur ciblage des actions. Ainsi des
notions peu utilisées, comme le différentiel
de vitesse et la distance entre
véhicules, notamment deux-roues motorisés, sont des paramètres probablement
plus importants que la vitesse absolue.
Le Groupe
approuve l’analogie proposée, mais ne voit pas la possibilité de la mettre en pratique de façon simple,
sinon en la faisant connaître, ce qui est ici notre objectif.