vendredi 13 avril 2018

Interdire les diesels ?


Interdire les diesels ?


Interdire les diesels n’est pas bon pour l’environnement

Le développement du diesel dans les poids lourds dans l’après-guerre, puis dans le tourisme dans les années 60 est associé à des véhicules émettant une fumée noire en accélération et dans les côtes. Depuis, les choses ont bien évolué : les moteurs diesel ont réduit leurs émissions polluantes spécifiques (carbone, NOx), les moteurs à essence ont aussi réduit les leurs, moins voyantes, mais bien réelles (CO, CHx), et les pétroliers ont éliminé le soufre. Des normes européennes successives, depuis l’Euro 1 jusqu’à l’Euro 6 ont énormément réduit les émissions admises, comme le montrent les deux graphes ci-dessous, qui montrent aussi la convergence entre essence et diesel.


Bien sûr, une norme est une demande, pas un résultat. Elle est spécifiée dans des conditions précises qui peuvent être jugées trop favorables. Il reste possible de modifier ces conditions d’essai pour les rendre plus proches de l'utilisation réelle. Il est acceptable d’interdire progressivement l’utilisation, notamment urbaine, des véhicules non conformes à l’Euro 6 ou aux versions futures de la norme. On peut renforcer les contrôles techniques pour éliminer ou remettre à hauteur les véhicules non conformes.

Mais la volonté légitime de réduire la pollution urbaine ne doit pas faire oublier que :
  • Selon la norme Euro 6, il n’y a plus de différence significative entre essence et diesel en termes de pollution.
  • L’Etat ou les collectivités territoriales sont fondées à exiger la conformité à une norme, mais n’ont aucune compétence, ni technique, ni juridique, ni économique pour faire des choix techniques tels que l’interdiction du diesel.
  • Cette conformité doit être exigée de tous les émetteurs de pollution, et non pas seulement de l’automobile qui est devenue minoritaire à cet égard, mais qui est « bankable » (on peut lui imposer des prescriptions coûteuses !)
  • Selon les courbes publiées par Airparif, la qualité de l’air à Paris n’a jamais été aussi bonne. La fréquence des « alertes à la pollution » résulte de la réduction des seuils d’alerte, et non d’une aggravation de la situation !
  • Le problème écologique mondial majeur est le réchauffement climatique résultant de l’augmentation du taux de CO2.
  • Or, à puissance mécanique égale, un moteur diesel émet 15% de CO2 de moins qu’un moteur à essence. Ceci résulte directement de la loi de Carnot-Clausius : le diesel a un meilleur rendement parce qu’il à un rapport de détente plus élevé, impossible à réaliser avec l’essence.
Il est donc parfaitement absurde, et clairement contre-productif, d’interdire le diesel.

On peut aussi remarquer que la distillation du pétrole sépare ses composants, du plus lourd au plus léger, et sépare donc l’essence du gazole, mais qu’elle n’a aucune influence sur les parts relatives de ces deux carburants. Une question se pose donc :
  • Si l’on cesse d’utiliser comme carburant le gazole produit en même temps que l’essence, qu’en fait-on ?
  • On ne peut évidemment pas le stocker indéfiniment !
  • On peut l’utiliser pour des applications pour lesquelles il n’est ni indispensable, ni optimum : production électrique, chauffage…, pour lesquelles il émettra plus de CO2 que ses concurrents : hydraulique, nucléaire, énergies vertes, thermique au gaz. Alors le remède est pire que le mal !
  • Alors qu’en fait-on ?
  • Evidemment, on l’utilise dans les applications pour lesquelles il est optimum : avions, bateaux, transports routiers poids lourds, véhicules de tourisme… et on arrête de raconter des bêtises.

 Remplacer le gazole par l’essence n’a aucun sens.