Ce distributeur fait actuellement beaucoup de publicité pour son énergie verte. Sur son site, il se présente :
« Lampiris est un fournisseur indépendant d’électricité renouvelable et de
gaz naturel. Il est actif sur le marché belge depuis 2005 et y est aujourd’hui
le troisième acteur derrière GDF-SUEZ et EDF.
Fort
de 200 000 compteurs en France, Lampiris y commercialise depuis novembre 2011,
du gaz naturel et de l’électricité 100% renouvelable aux particuliers et aux
professionnels à des prix très compétitifs.
Avec
Lampiris, les énergies renouvelables sont la solution d'avenir, sur le plan
écologique, mais aussi économique! »
Ses publicités comportent en petites lettres, illisibles sur
leur site, mais lisibles sur les affiches, des précisions juridiques
importantes :
« *Electricité 100% verte = Electricité 100% renouvelable d’origine
française produite à partir d’installation hydraulique : la totalité de
l’électricité vendue aux clients Lampiris est couverte par des garanties
d’origine achetées en fin d’année civile. A l’aide de ce mécanisme, Lampiris
garantit que de l’électricité d’origine renouvelable a été produite et injectée
sur le réseau en quantité équivalente à la consommation des clients de
Lampiris. Détails sur lampiris.fr . »
Que faut-il en penser ?
Mix énergétique
L’énergie électrique de réseau ne
pouvant pratiquement pas être stockée (à l’exception des STEPs
limitées par les sites possibles), la
production injectée dans le réseau est simultanément consommée de façon
indifférenciée par l’ensemble des utilisateurs. L’excellent site « eco2mixrte »
de l’opérateur de réseau RTE donne en temps réel, par pas de ¼ d’heure, tous
les détails du mix énergétique français et des transferts entre régions, avec leur historique sur plusieurs années.
A chaque instant, la production est assurée par de nombreuses
filières auxquelles l’opérateur de réseau fait appel selon la consommation
constatée, dans un ordre bien déterminé :
- D’abord l’éolien et le photovoltaïque, fatales puisqu’on ne maîtrise pas leur production, qui bénéficient d’une priorité d’écoulement en dépit d’un prix garanti très élevé,
- Puis les énergies dont le coût est le plus bas : hydraulique au fil de l’eau et nucléaire,
- Puis, si nécessaire, les énergies utilisant des énergies fossiles : charbon, fioul, gaz et aussi les centrales hydrauliques de pointe (haute chute) ou éclusées (basse chute).
- Sans oublier des disparités régionales dues aux coûts et aux limites de capacité de transport du réseau.
Le caractère vert de ces filières
est très différentié :
- Les énergies fossiles émettent beaucoup de CO2, particulièrement le charbon, le gaz étant de loin meilleur, mais pas exempt.
- Le nucléaire n’en n’émet pas, il est « décarboné », mais pas tout à fait renouvelable car les réserves mondiales d’uranium ne sont pas infinies, quoique de très longue durée à travers des variantes techniques (surgénérateurs, thorium).
Si l’on veut être strictement
vert, il ne reste plus que quatre filières :
- L’hydraulique, en partie aléatoire
- L’éolien, aléatoire et peu prévisible
- Le photovoltaïque, contra-cyclique et dont la prévisibilité n'est limitée que par la nébulosité.
- La géothermie profonde, encore balbutiante, et limitée à certaines régions favorables.
La réponse est simple : il ne le fait pas, car il ne s’est pas
engagé à la faire !
Relisons attentivement son
engagement :
« *Electricité 100% verte = Electricité 100% renouvelable d’origine
française produite à partir d’installation hydraulique : la totalité de
l’électricité vendue aux clients Lampiris est couverte
par des garanties d’origine achetées en fin d’année
civile. A l’aide de ce mécanisme, Lampiris garantit que de l’électricité
d’origine renouvelable a été produite et injectée sur le réseau en quantité équivalente à la consommation des clients
de Lampiris.
Cet engagement est clair, mais
limité : une production verte équivalente a été injectée sur le réseau,
mais il n’est dit nulle part que cette injection ait été simultanée avec la
consommation. Il ne dit pas non plus que l’électricité vendue au client est
verte, mais seulement qu’elle est couverte par
de l’électricité d’origine hydraulique, supposée verte, injectée antérieurement
dans le réseau.
Lampiris tient certainement ses
engagements contractuels ainsi rédigés, qui sont trop subtils pour être compris
par le particulier. Ce système de couverture pourrait être vert uniquement si :
- L’énergie électrique était stockable, ce qui n’est pas nullement le cas,
- Ou si le mix énergétique était constant, ce qui n’est pas le cas non plus, et de loin.
La publicité de Lampiris est
critiquable en ceci que la définition « sur mesure » citée plus haut
de « L’électricité 100% verte »
ne correspond pas au sens commun : dans le texte ci-dessous, aucun
utilisateur ne comprendra que l’énergie qui lui sera vendue n’a rien à
voir avec elle qui a été acheté par
Lampiris : elle sera au contraire évidemment
fournie par un réseau dont le mix est ce qu’il est au moment de la
consommation, y compris pendant les
pointes au cours desquelles les filières fossiles tournent à plein, et l’électricité
importée est issue de filières généralement pas vertes. Par surcroît, l’origine
100% française sera alors inexacte. Aucun lecteur ne remarquera que la garantie porte sur "chaque MWh produit" (avant et ailleurs), et non pas "vendu"!
Que faire ?
Ceci étant, l’électricité
revendue par Lampiris n’est pas non plus moins verte que celle de ses
concurrents, et l’utilisateur préoccupé par la planète pourra donc s’abonner
chez eux après avoir vérifié l’avantage compétitif mis en avant par Lampiris, ce que nous n’avons
pas cherché à faire. Il se consolera en se rappelant que le MWh français est le moins émetteur de CO2 de la
planète, et notamment 10 (DIX) fois
moins émetteur qu’un MWh
allemand, malgré les énormes parcs éolien et photovoltaïque de ce pays. Il
peut donc être consommé sans se poser trop de questions !
Pour accroître la part
d’électricité verte de sa consommation, l’écologiste
intégriste devra :
- Habiter en France,
- Mais ni en Bretagne, ni en PACA dépourvues de centrales nucléaires et donc plus émettrices de CO2,
- Avoir en permanence le graphe du mix énergétique RTE sur l’écran de son ordinateur
- Couper tous ses consommateurs dès que la part fossile dans le mix dépasse un seuil qu’il aura lui-même fixé (évidemment à moins de 8% qui est la moyenne annuelle nationale)
- Accepter de consommer de l’électricité nucléaire toujours majoritaire en France, ou résilier son abonnement !