La norme RT 2012
définit l’énergie maximum annuelle nécessaire au chauffage d’un logement. Elle impose que, pour les permis de construire
postérieurs au du 1er janvier 2013, l’énergie annuelle de chauffage n’excède
par 50 kWh par m² et par an. Cette norme, qui doit s’appliquer jusqu’au 1er
janvier 2020, est très ambitieuse. Elle signifie que l’on devra pouvoir
chauffer un logement de 100 m²
pendant une année avec 5 MWH thermiques,
équivalents environ à 0,1 litres de gazole
par heure, ou la même masse de gaz, ou encore à une puissance électrique moyenne de 1 KW,
pendant une période de chauffe de 7 mois.
Cette définition comporte,
notamment sur le site du ministère repris ci-dessous, une importante distinction :
La norme s’entend en énergie primaire
(Fioul, GPL, gaz naturel, bois). Si l’on recourt à une énergie finale telle que
l’électricité, alors l’énergie maximum utilisée
devra être divisée par 2,58, au motif allégué
que la production de 1 KWh de cette énergie finale nécessiterait 2,58 KWh d’énergie
primaire. Ce coefficient est toutefois qualifié de « conventionnel », ce qui cherche à éliminer les contestations
de sa valeur.
Ce coefficient aboutira à une quasi-interdiction du
chauffage électrique qui serait ainsi limité à une puissance électrique
moyenne de 390 W, insignifiante. Mais d’où
sort de 2,58 ? Une convention n’est pas une
justification !
Si l’électricité
était fabriquée exclusivement à partir de centrales
thermiques conventionnelles (charbon/vapeur, fioul/vapeur ou turbine à gaz)
le coefficient résulterait en effet d’un rendement de conversion de 1 /2,58 = 39 % qui est plausible pour le charbon et le fioul, mais pessimiste pour le gaz à cycle combiné. On peut donc penser que le normalisateur s’est placé dans
cette hypothèse, qui correspond à des
émissions de 250 à 280 kg de CO2 par MWH
électrique.
- L’ennui est que cette hypothèse est archi-fausse. ERDF publie chaque année la teneur moyenne en CO2 de l’énergie distribuée, qui ressort pour 2011 à 72 kg de CO2 par MWH électrique. D’où vient cette différence ? Tout simplement du fait que la production 2011 a été assurée à 89 % par des filière non émettrices de CO2 : nucléaire (76%), hydraulique (9% particulièrement basse pour cause de sécheresse), renouvelables (4%), ne laissant que 11% à la production à partir d’énergie primaire fossile. Selon cette approche, à émissions de CO2 constantes, l’énergie électrique devrait être affectée d’un coefficient 0,27 !
- Une autre approche est de considérer que le chauffage ne sera utilisé que par grands froids, ce qui est partiellement vrai, et qu’il y a donc lieu de considérer les émissions de CO2, non pas en moyenne sur l’année, mais au cours des pointes. Acceptons ce raisonnement assez orienté, et calculons ses conséquences. Au cours des pointes (les 500 heures les plus hautes dans l’année) la part d'énergie électrique produite à partir d’énergie primaire fossile monte à 17%, ce qui justifierait un coefficient de 0,42.
- Une dernière approche, qui peut être qualifiée d’extrémiste, reposerait sur le raisonnement marginal suivant s’ajoutant au précédent : l’équipement de nouveaux logements en chauffage électrique viendra augmenter le besoin en énergie électrique global. Comme l’hydraulique n’est pas extensible, qu’il n’est pas question (car ce serait politiquement incorrect) de développer le parc nucléaire, que l’éolien est faible et « fatal » (survenance aléatoire), et le solaire négligeable, ce supplément de puissance ne pourra venir que des centrales thermiques. Ce raisonnement est faux pour trois raisons :
- Quand un parc de production hétérogène est utilisé pour plusieurs utilisations simultanées, rien ne permet d’affecter le moyen le moins bon à une utilisation plutôt qu’à une autre.
- L’amélioration de l’efficacité énergétique du parc de logements et des moyens de chauffage compensera, et au-delà, l’augmentation du parc de logements, d'autant que les nouveaux logements seront beaucoup moins consommateurs.
- L’utilisation du chauffage dans un logement très bien isolé peut facilement être différé hors des pointes puisque la baisse des températures y est plus lente qu’ailleurs.
- Calculons néanmoins quelles en seraient les conséquences, par curiosité. Les centrales thermiques actuellement crées (en suivant le raisonnement marginal abusif) sont généralement du type « CGCC » (Centrale à Gaz à Cycle Combiné), dont le rendement est particulièrement élevé, atteignant 58%. Le coefficient devrait être ici 1/58% = 1,72 et non pas 2,58.
« La démocratie est le pire moyen de
gouvernement, à l’exclusion de tous les autres » (Sir Wiston
Churchill).